Moi, l'ex-PMette, la chanceuse de la médecine, la maman comblée dégoulinant de Bonheur...
Elle, une cousine en essai, encore et toujours en essai, laissée sur le bas côté de la médecine...
Je redoutais de la revoir, je repoussais le moment...
Pas envie de me confronter à elle et de lui afficher mon Bonheur en pleine gueule
Pas envie de lui faire mal...je savais que j'allais lui faire mal...
Pas envie de lui infliger un énième coup de poignard en plein coeur, en pleine tripe, là où ça fait bien mal...
Sa douleur je la connais, c'était la mienne, j'en ai souffert aussi...
Ses pensées je les connais aussi, ce dégout, cette envie, cette jalousie...
Comment faire maintenant que je suis de l'autre-côté?
Ne pas aller la voir, ne pas lui présenter mon fils, histoire qu'elle comprenne qu'elle est VRAIMENT différente des autres?
S'empêcher de la voir jusqu'à ce qu'elle soit enceinte?
Les rayer de la liste parce que mon fils est là?
J'ai réussi à lui épargner mes 9 mois de grossesse, 9 mois où je ne l'ai pas vu, mais maintenant qu'Axel est là, qu'il a 5 mois je ne peux pas continuer à me cacher...
Alors j'ai pris mon Bonheur sous le bras...
Mon Bonheur qui, pour la première fois, était un fardeau, lourd, pesant...
Nous sommes passés la voir, vite fait, juste une heure...
Une heure à parler de tout et surtout de rien, une heure à parler de rien et surtout pas de mon Bonheur...
Je demande "tu vas prendre des vacances bientôt?" elle répond "J'ai plus de vacances on a tout posé pour les traitements et les FIVs" Je vois ces yeux rouges, elle est à fleur de peau je change de sujet...
Une heure à me sentir mal, à la regarder les yeux regardant le sol pour ne pas croiser le regard du Bonheur
Bien que je faisais tout mon possible pour cacher mon Bonheur, lui la cherchait du regard, lui souriait
Et moi j'avais juste envie de faire un trou et de m'y cacher dedans en attendant que ça passe...
J'avais envie de lui dire quelque chose de réconfortant, de lui redonner espoir, que son Bonheur arrivera un jour mais j'avais tellement peur de lui affliger une énième phrase déplacée, peut-être celle de trop, que j'ai ravalé mes mots...
Elle n'a pas eu un seul sourire au Bonheur, pas un regard, pas un mot...RIEN....Comme si le Bonheur n'existait pas, comme s'il n'était pas là...
Je la comprends, je suis passée par là, je ne lui en veut pas une seconde...
Je regrettais d'être là, comment j'ai osé moi qui sait comme c'est tellement dur d'être confontré au Bonheur des autres...
Je la sentais mal, usée, fatiguée, déprimée, tous ses traitements et ses échecs se lisaient sur elle...P*tain de PMA...
Je suis mal de ne pouvoir l'aider alors que je suis passée par là...
Elle connait notre parcours, notre combat mais maintenant que notre Bonheur est là on est classé avec ceux qui ont réussis, ceux qui ont leur Bonheur, ceux A EVITER...
Alors on va s'éviter, encore quelques temps, car pour moi aussi c'est trop dur de lui mettre mon Bonheur sous le nez...
Ce Bonheur qui nous a éloigné...